Pourquoi votre conseiller vous dit-il de garder le cap en temps de crise?
Difficile de rester serein quand ses placements s’effondrent sous l’effet de la COVID-19. Certains sont tentés de vendre, d’autres de se ruer sur d’apparentes aubaines. Or, l’histoire a montré qu’en période d’extrême volatilité, mieux vaut généralement… ne rien faire du tout! Voici quatre notions de finance comportementale dont vous pouvez discuter avec votre conseiller pour mieux comprendre la situation actuelle.
Les marchés sont beaucoup influencés par les émotions
« La finance comportementale nous indique que les marchés sont contrôlés par la peur et l'appât du gain. Tous deux sont exacerbés ces jours-ci, d'où l'extrême volatilité ambiante. Quand un titre baisse, certains pensent qu'il va poursuivre sa chute et d'autres croient qu'il va remonter, mais en réalité personne ne le sait », dit Lawrence Kryzanowski, professeur en finance à l’École de gestion John-Molson de l’Université Concordia.
Vos émotions visent le court terme, vos placements plus souvent le long terme
« En période de crise, les émotions à court terme risquent de prendre le pas sur les objectifs des épargnants à long terme. La peur, la colère, la frustration les poussent à poser des gestes pour se sentir mieux à court terme, et ils perdent de vue les rendements et risques à long terme. Mais il est possible de résister à ces émotions avec une bonne éducation financière et avec l’aide d’un conseiller professionnel », croit Richard Guay, titulaire de la Chaire de recherche Fintech AMF-Finance Montréal à l'ESG UQAM.
La spéculation doit être laissée aux spéculateurs
« Les fortes chutes récentes sur les marchés viennent surtout des fonds spéculatifs et des investisseurs institutionnels, qui prennent des paris sur la volatilité et sont prêts à encaisser des pertes à court terme car ils négocient au jour le jour. Mais pour l’épargnant individuel avec un horizon d’investissement à long terme, mieux vaut éviter de liquider des actifs dans le contexte actuel », selon M. Kryzanowski.
« Un épargnant qui voudrait parier sur la volatilité dans le contexte actuel cède en fait à un biais comportemental, car son résultat dépendra plus de sa chance que de son talent. À chaque fois que l'on croit devoir vendre, il y a quelqu’un de l’autre côté qui croit tout aussi fermement qu’il est temps d’acheter. Qui a tort ou raison? Monsieur et Madame Tout-le-Monde ont peu de chance de trouver la réponse sans l’aide d’un professionnel », renchérit Richard Guay.
Il importe de garder la tête froide
« Le travail d’un conseiller certifié est d’aider les épargnants à prendre du recul et à maintenir une répartition d’actifs adéquate à travers la crise. S'il a préalablement établi votre profil d'investisseur et diversifié vos placements, c'était justement pour faire face à ce genre de situation. Tant que votre portefeuille est bien équilibré, il est fort possible qu'il vous recommande de ne rien faire du tout », conclut Richard Guay.
N’hésitez pas à questionner votre conseiller quant aux conséquences des mouvements boursiers sur vos actifs, mais aussi à lui faire part de vos angoisses. Vous informer et vous rassurer fait partie de son rôle, tout comme vulgariser des notions complexes, vous aider à rester concentré sur vos projets et vous guider vers les décisions qui vous conviennent le mieux.
La COVID-19 et vos finances : parlez à un conseiller, pas à votre beau-frère
Assurez-vous que la personne qui vous donne des conseils est bien inscrite au Registre de l’Autorité des marchés financiers.