Prêts étudiants : rembourser ou investir?

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Avec la hausse des taux d’intérêt et l’augmentation du coût de la vie, de nombreux diplômés s’interrogent sur la meilleure stratégie à adopter face à leur dette étudiante. Faut-il accélérer son remboursement ou plutôt investir? La réponse nest pas aussi simple quelle l’était il y a quelques années.

«Quand les taux dintérêt étaient entre 2,5 % et 4 %, on ne se posait même pas la question. On savait quon était capable de faire travailler nos investissements. Actuellement, les taux avoisinent 7 %. Ça change la donne», explique Félix Caron, conseiller en sécurité financière. 

 

Une analyse au cas par cas

Les experts saccordent sur un point: il nexiste pas de solution universelle. «Ça dépend de la situation financière de chacun, de la tolérance au risque, des horizons de placement et la pression psychologique d’avoir une dette», souligne Léa Saadé, vice-présidente régionale à FDP gestion privée. 

Pour certains professionnels, notamment dans le domaine médical, lenjeu est dautant plus important. «Pour les diplômés en médecine, médecine dentaire ou pharmacie, la dette étudiante peut facilement atteindre entre 150 000 $ et 300 000 $, voire plus», note-t-elle.

La première étape consiste à brosser un portrait complet de sa situation financière. «Il faut faire un budget. Y a-t-il dautres dettes avec des taux dintérêt plus importants? Ce sont ces dettes quil faut rembourser en premier», rappelle la VP. 

 

Les avantages fiscaux

Il ne faut pas les oublier. Depuis avril 2023, le gouvernement canadien nimpose plus dintérêt sur les prêts étudiants fédéraux, contrairement au gouvernement québécois.

 Le crédit dimpôt applicable aux intérêts des prêts étudiants est un autre facteur important à considérer, rappelle Félix Caron. Il conseille de faire des projections réalistes pour évaluer l’intérêt de rembourser sa dette ou d’investir, et fait remarquer que l’effet des rendements composés sur un investissement à long terme peut être notable: «Plus lhorizon de placement est long, moins on a besoin dun taux de rendement élevé pour que le placement soit avantageux face à un remboursement de dette.» 

La décision dépend également des projets à venir, notamment lachat dune propriété. «La dette étudiante est prise en compte dans le calcul de la capacité demprunt. Mais si jai de l’épargne, cela vient rééquilibrer le bilan», explique Léa Saadé.

 

Une préoccupation grandissante

Les deux professionnels constatent une augmentation des inquiétudes auprès de leur clientèle. «Des gens mont téléphoné pour mettre à jour leur dossier. Jen ai même qui ont changé leur fusil d’épaule et mis laccent sur le remboursement de leurs prêts d’étude», témoigne Félix Caron. 

Cette préoccupation s’étend même aux parents. «Ils veulent savoir comment aider leurs jeunes, observe Léa Saadé. Est-ce quils font un don pour contribuer à la mise de fonds lors de lachat dune propriété ou ils aident à rembourser la dette? Ils évaluent différents scénarios.» 

Si rembourser une dette nest jamais un mauvais choix, les experts suggèrent d’évaluer soigneusement toutes les options. Une consultation avec un professionnel des services financiers peut aider à prendre une décision éclairée dans le contexte économique actuel.

Références

Cet article est d'abord paru dans l'édition Printemps 2025 du magazine de la Chambre.