Mère-grand pourra-t-elle enrichir sa descendance?

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Les baby-boomers québécois vieillissent et s’apprêtent à léguer leur fortune, c’est la vie. Mais attention : le présumé tsunami successoral qui s’annonce ne touchera pas tout le monde de la même façon. Loin de là.

C’est ce que démontre la plus récente étude de l’Observatoire québécois des inégalités, «Les héritages au Québec, quel impact sur les inégalités?», produite en partenariat avec la CSF. Les chiffres parlent d’eux-mêmes et ils sont éloquents. Les Québécois de 65 ans et plus détiennent aujourd’hui un avoir net de 916,8 milliards de dollars. Presque mille milliards (1012)! De quoi faire tourner bien des têtes et alimenter bien des rêves et du service-conseil. Mais comme souvent avec l’argent, la réalité est beaucoup plus complexe que les apparences.

Car voici où les choses se corsent selon l’Observatoire : au Québec, les 10 % des familles les plus riches possèdent déjà près de la moitié de tous les actifs nets (45,6 %), tandis que les 40 % les plus pauvres doivent se contenter d’un malingre 4,3 %. C’est dire l’ampleur du défi qui nous attend.

L’héritage, loin d’être le grand égalisateur social que l’on imagine parfois, amplifie plutôt les inégalités existantes.

Les conseillers financiers devraient bien se préparer à cette nouvelle réalité. Déjà, 29,3% des familles québécoises ont déclaré avoir reçu un héritage. Mais la proportion grimpe à 46,5% chez les mieux nantis contre seulement 19% chez les moins fortunés. Et l’écart se creuse. Entre 2016 et 2023, la valeur moyenne des héritages des 10% les plus riches a bondi de 81,5 %, contre 57,4% pour les familles moins privilégiées.

Cette concentration de la richesse héréditaire a des répercussions concrètes sur la vie quotidienne. Dans un contexte de crise du logement, les héritages et dons familiaux deviennent souvent déterminants pour accéder à la propriété. Statistique révélatrice : 42 % des familles propriétaires ont reçu un héritage ou un soutien familial pour acheter leur maison, contre seulement 9,5 % chez les locataires. Grand-papa et grand-maman pourraient ainsi devenir, bien malgré eux, des acteurs incontournables du marché immobilier.

Pour les conseillers, le message est clair : l’héritage n’est plus une affaire de famille, c’est aussi un enjeu de société qu’on devra cerner. Il faudra naviguer entre les attentes légitimes des héritiers et même être sensibilisé à une pression sociale grandissante pour une redistribution plus équitable de la richesse.

Notons enfin que contrairement à la plupart des pays de l'OCDE qui imposent directement les successions avec des taux progressifs, le Québec et le Canada prélèvent plutôt un impôt sur les gains en capital.

Vous pouvez lire l’étude complète sur le site de l’Observatoire en cliquant ici.